By Frédéric Keiff
L’Arbre à Palabres de Frédéric Keiff est un arbre dont le tronc et les branches sont en barres d’armature peintes, tandis que les feuilles sont en morceaux de verre et de plastique colorés. L’installation atteint plus de 5 mètres de haut avec une circonférence (canopée) de 7 mètres. La structure est dotée de larges planches de bois incorporées au tronc, qui servent de bancs. Initialement conçu pour remplacer l’ancien arbre à Palabres de Bonambappe, un énorme baobab situé dans le quartier de Bonabéri, tombé en 1993, le projet a dû être revu dans son processus d’installation, à cause de la signification symbolique de l’oeuvre. Traditionnellement, autour de l’arbre à palabres, le chef du village et ses notables se réunissent, assis, pour prendre les décisions politiques et sociales les plus importantes concernant la communauté. C’est ici que les valeurs de la tradition étaient oralement transmises à travers les générations.
Cette oeuvre a fait l’objet d’une longue discussion entre le chef du village et les notables, qui ont finalement décidé d’interdire à un artiste étranger de placer son oeuvre à la place de la souche de l’ancien arbre à palabres, dont le site était devenu une décharge publique. Il était néanmoins important que l’installation de Keiff soit tout de même placée dans un espace public, facilement accessible aux habitants, afin de garantir que l’arbre à palabres contemporain continue à tenir sa fonction symbolique de place de réunion, de discussion et de point de partage. Le chef supérieur du canton Bell de Douala, le prince René Douala Manga Bell, séduit par le projet, a offert comme emplacement l’une de ses propriétés à Bonanjo, pour y installer L’Arbre à Palabres de Bonambappe, qui a été inauguré au cours du SUD2007 et officiellement offert à la ville de Douala. Le parc où L’Arbre à Palabres de Bonambappe est situé appartient donc à la famille Bell, bien que son usage soit ouvert au public. Ce jardin est entouré de trois monuments historiques de Douala: au nord, le Monument funéraire des rois Bell, où est enterré aujourd’hui le même René Douala Manga Bell; au sud, l’Espace doual’art, à partir duquel on peut voir clairement le Palais des Rois Bell, communément appelé La Pagode, construit en 1905 par les colonisateurs allemands pour le roi Auguste Manga Ndoumbé; et enfin, à l’ouest, la cour d’appel de Bonanjo.