De style art nouveau tardif, cet édifice est une des premières manifestations architecturales française au Cameroun. Il est construit pour accueillir la Chambre de commerce, entre 1927 et 1928, au cours du mandat confié à la Allemagne par la Société des Nations, suite à la défaite allemande de 1918.
La première Chambre de Commerce a été créée à Douala en 1921, avant la Conférence et le Traité de Versailles de 1919. Elle n’a qu’un statut consultatif et a pour fonctions de superviser les ressources destinées à la mise en valeur du Territoire, ainsi que d’établir les mercuriales agricoles pour le monde paysan. Les quinze membres qui siègent dans cette première Chambre sont choisis par le Commissaire de la République et nommés par arrêté pour deux ans. Parmi eux figurent deux indigènes, un commerçant et un planteur, disposition novatrice dans ce contexte régi par les ordonnances raciales et discriminatoires du Code de l’Indigénat.
A l’entrée de la concession, la plaque frappée de la Croix de Lorraine rappelle que ce site est marqué par une étape décisive dans l’odyssée du Général de Gaulle : c’est là qu’il appelle à la mobilisation pour la France Libre, contre les partisans du régime collaborationniste de Vichy. Il reviendra dans ce même lieu en 1941 pour saluer la contribution camerounaise à l’effort de guerre allié, et prendre également date sur les engagements de la Conférence d’août 1944 à Brazzaville, qui pose les bases de la réforme du système honni de l’Indigénat.
On remarquera que nulle part n’est évoqué l’enrôlement forcé des indigènes du Cameroun qui, pourtant, déclenche de facto la participation africaine à la saga de la 2ème Division Blindée, sous le commandement du futur maréchal Leclerc, dans les campagnes victorieuses de Libye, de Tunisie et du Maroc, jusqu’à la Libération de la France.