L’art de pionniers, Gaspar Gomán, Rigobert Ndjeng

By 19 septembre 2016Exhibitions

19 septembre – 7 octobre 2016

Le Cipca et doual’art se sont associés pour montrer le travail de deux artistes peintres majeurs appartenant au patrimoine camerounais.

Le crédo des organisateurs de cette exposition est que le legs de ces précurseurs devrait perdurer pour les générations futures, du Cameroun, du continent, et du monde. De même que l’œuvre de leurs contemporains des premières œuvres comme, Abessolo, Madiba, Lobe Lobe Rameau et tant d’autres passés dans l’oubli.

Gaspar Goman et Rigobert Djeng ont chacun laissé une œuvre magistrale dont seulement quelques pièces ont pu être rassemblées pour l’exposition L’art des pionniers. Il est probable que la majorité de leurs travaux des débuts se trouvent dans des collections privées d’expatriés ayant séjourné au Cameroun. Fort heureusement, avant leur disparition, respectivement en 2016 et 2011, ils ont consacré leur existence à créer. De ce fait, la plupart des peintures et dessins ici exposés ont été réalisés à la fin de leur vie et conservés par leurs héritiers.

Tous deux nés dans les années 20, ils ont traversé les grandes périodes de notre histoire contemporaine, tels les conflits mondiaux où les africains ont joué un rôle non négligeable, la période coloniale et celle des missionnaires, la décolonisation, l’exil, l’indépendance, …Ils ont été des témoins privilégiés. Par leurs représentations plastiques, Ils mettent en lumière une certaine Afrique des villages, à la végétation luxuriante, avec des scènes de la vie quotidienne du village, et des personnages simples. Ils nous aident à revisiter ces temps forts.

Ils ont également en commun une très grande humilité et discrétion. Ils ont vécu « en camp retranché » dans l’atelier, espace vital où ils se ressourcent. Ils ont vécu pour et par leur art, avec cette générosité qui n’appartient qu’aux grands artistes. Ils ont relevé le défi d’assumer leur travail de création à une époque où les valeurs de réussite s’inscrivaient dans un champ autre que les champs artistiques et culturels.

Ce qui est remarquable dans le travail de ces deux artistes, dont l’un, Gomán, a eu l’opportunité d’étudier à l’étranger, est qu’ils ont plastiquement dialogué avec les avant-gardes européennes en conservant une posture africaine, fortement ancrée dans l’univers qui est le leur, à savoir le terroir, les signes, les couleurs, et plus généralement les esthétiques africaines. Ils ont conversé avec les artistes d’ailleurs depuis le continent africaine.

Aussi cette exposition a vocation à voyager pour célébrer l’œuvre de deux artistes qui appartiennent autant à la genèse de notre histoire sensible qu’au patrimoine mondial. Mais si rien n’est fait localement, leurs œuvres seront acquises par des musées étrangers qui sauront reconnaitre leur talent.

Cette exposition a pour motivation première de faire découvrir ces joyaux artistiques. Elle marque également la volonté portée par deux organisations, le CIPCA et doual’art, de promouvoir un patrimoine culturel en voie de disparition si rien n’est fait pour le préserver.

L’Espace doual’art est principalement ouvert aux travaux d’artistes visuels sélectionnés par la direction artistique de doual’art ou sur proposition de curateurs indépendants.

En moyenne 7 expositions sont produites chaque année. Y sont présentés les travaux les plus récents, les plus expérimentaux de créateurs contemporains du Cameroun et du reste du monde.