Au nom du père…, Herve Youmbi

By 30 mai 2014Exhibitions

30 mai – 5 juillet 2014

Le risque du métier

L’alternance, en politique, est bien souvent le signe d’une gouvernance démocratique et apaisée. A contrario, l’absence d’alternance est tout aussi souvent le signe d’une gouvernance autocratique et imposée.
L’absence d’alternance, c’est le maintien au pouvoir du chef, mais aussi celui de la famille politique du chef, et, et il s’agit là d’un phénomène qui se généralise de plus en plus, le maintien au pouvoir de la famille du chef.

Depuis la disparition ou la mise à l’écart, notamment dans l’histoire moderne de la vieille Europe, de la plupart des anciennes et traditionnelles monarchies, nous assistons à une résurgence des pouvoirs monarchiques dynastiques en Orient, en Extrême Orient, en Afrique, et à l’apparition de nouveaux pouvoirs dynastiques familiaux, sous habillage républicain, partout dans le monde. Les épouses, les enfants, les frères, les cousins succèdent au chef, à sa disparition ou lorsque celui-ci devient physiquement ou cognitivement incapable d’exercer le pouvoir.
Au nom du père, du fils et de la sainte monarchie constitutionnelle stigmatise cette funeste propension qu’ont beaucoup (trop) de chefs d’Etats africains à se maintenir au pouvoir en « révisant » les dispositions constitutionnelles en termes de limitation de mandats, et cette nouvelle tendance qui consiste à installer sa progéniture ou sa parentèle dans les premiers cercles de pouvoir, afin de pouvoir « tout naturellement » leur succéder au cas où…

Le chef, assis dans un fauteuil – trône d’un mauvais goût parfaitement assumé -, affiche une désinvolture insolente et méprisante qui laisse peu de doutes sur la nature de son pouvoir. Cette représentation du chef devient le portrait officiel de celui-ci et figure comme tel, en toute redondance illustrant le culte de la personnalité dans les vues suivantes au second plan. Le deuxième portrait montre le chef avec son fils, déjà désigné comme héritier politique, puisque déjà installé sur le trône en compagnie de son père. La troisième vue, plus ambigüe, peut être interprétée de deux façons différentes. Hervé Youmbi veut-il nous dire que l’opération est réussie, c’est-à-dire que le fils a « tout naturellement » succédé à son père lorsque celui-ci est devenu incapable de continuer à exercer le pouvoir, ou, que le fils, encore plus prédateur que le père, a prématurément écarté celui-ci pour s’emparer du trône ?
Le petit sourire de l’enfant et son geste possessif sur la couronne du trône pourraient le laisser penser…

Didier Schaub, mai 2014

L’Espace doual’art est principalement ouvert aux travaux d’artistes visuels sélectionnés par la direction artistique de doual’art ou sur proposition de curateurs indépendants.

En moyenne 7 expositions sont produites chaque année. Y sont présentés les travaux les plus récents, les plus expérimentaux de créateurs contemporains du Cameroun et du reste du monde.

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