Lecture de Simon Njami

By 6 juillet 2010Lecture/conference

6 juillet 2010

Le 6 juillet 2010, le curateur général de SUD2010, Simon Njami, a ouvert, dans l’Espace doual’art, une discussion de fond sur les Indépendances Africaines, l’art et la citoyenneté.

A l’occasion de la célébration du Cinquantenaire de l’Indépendance du Cameroun, Simon Njami a commencé par s’interroger sur le mot « indépendance » auquel, au regard de l’état actuel du monde où l’interdépendance entre nations est omniprésente, il a préféré les termes de souveraineté et d’identité. « Les africains sont-ils vraiment devenus des africains ? Ont-ils su de manière collective et individuelle exercer cette souveraineté ? ».

La phrase de Senghor, « l’émotion est nègre comme la raison est hellène », a invité Simon Njami à s’interroger sur l’existence ou non d’une différence, d’une particularité et d’une identité de la création artistique africaine. Si selon Senghor, l’africain envisage le monde différemment (concept de l’homme nouveau), quelle en est sa matérialisation dans la création contemporaine africaine ? Comment se traduit cette « émotion différente » dans l’art aujourd’hui ?

L’Homme Nouveau est pour Simon Njami une fiction utile au changement. La réflexion initiée par Senghor et ses compagnons à propos de leurs aspirations pour le futur est-elle toujours présente cinquante ans après ? L’africain s’est-il inventé un présent et est-il en mesure de s’inventer un avenir ? Selon Simon Njami, l’art – comme confrontation à soi-même et à condition qu’il soit authentique – est une manière certaine de le faire.

Le curateur a aussi abordé les questions de citoyenneté et de société. En évoquant l’interdépendance entre l’individu (« je ») et la société (« nous »), il a surtout mis en avant l’actuelle faillite du « nous » face à l’évolution du « je » au Cameroun. Il a observé ce schéma d’individualisation sociale excessive notamment dans la sphère particulière des arts. Comment réintégrer le « je » au « nous », afin qu’une cohésion existe dans le monde de l’art en particulier ?

Cette interrogation a ensuite laissé place à une discussion avec les artistes et acteurs de la scène artistiques camerounaise qui constituaient la majeure partie du public.