Tracey Rose est une artiste sud-africaine, née en 1974 à Durban, qui vit et travaille à Johannesburg. Elle est surtout connue pour ses performances, ses installations vidéo et ses photographies. Elle a fréquenté la faculté des Beaux-arts de l’Université du Witwatersrand à Johannesburg, dont elle est sortie diplômée en 1996. Elle enseigne ensuite au Vaal Triangle Technikon de Vanderbijlpark (institut universitaire de technologie) et à l’Université du Witwatersrand. En février et mars 2001, l’artiste est en résidence au Cap, à la South African National Gallery, où elle travaille pour la Biennale de Venise. Elle est exposée aux États-Unis par Christian Haye dans sa galerie The Project.
Dans la plupart de ses premières œuvres, elle s’intéresse aux questions de genre et de couleur, souvent à travers l’exposition de son propre corps et de ses poils. Dans Ongetiteld (Sans titre), présenté à l’exposition Demoracy’s Images, au Musée de l’image de Umeå, en Suède en 1998, elle utilise des caméras de surveillance pour se filmer en train de raser tous les cheveux et poils de son corps. Dans le catalogue, Rose décrit cet acte comme « à la fois démasculinisant et déféminisant le corps, en rasant les poils masculins et féminins. Ce type de désexualisation implique une certaine violence. Il s’agit de me rendre déplaisante et rebutante. »
Pour l’exposition Graft dirigée par Colin Richards au SANG (South African National Gallery) lors de la 2è Biennale de Johannesburg en 1997, Rose présente Span I et Span II. Dans cette performance, elle est assise de profil, tête rasée, sur une télévision diffusant une image en gros plan d’une femme nue couchée, représentation classique dans l’histoire de l’art. Tête baissée, elle est occupée à faire des nœuds avec les mèches de ses propres cheveux rasés. Cette superbe performance a lieu à l’intérieur d’une vitrine en verre. Dans Span I, partie complémentaire de l’œuvre, un prisonnier habillé en rouge grave un texte sur le mur opposé de la galerie : des souvenirs d’enfance de Rose, souvent à propos du rôle que les cheveux y ont joué, de leur aspect raide ou bouclé, et de la manière dont ils définissent une catégorie raciale.
Les travaux de Rose répondent aux limites posées les dogmes et aux défauts du discours culturel institutionnalisé. L’artiste se confronte toujours avec insistance aux questions d’identité, qu’il s’agisse de l’identité sexuelle, raciale ou du genre. Selon Jan Avgikos, « l’attrait pour le travail de Rose réside en partie dans ses références fluides à l’art de la performance des années 1960-1970 ». Pour Sue Williamson, « Tracey Rose n’est pas une professionnelle sautant sur toutes les occasions d’exposition qui lui sont offertes. On l’a vue se retirer de plus d’une exposition lorsque les circonstances semblaient inadaptées ».
Les travaux de Rose ont été largement présentés en Afrique, en Europe et aux États-Unis. Ses dernières expositions solos incluent The Cockpit au MC Kunst de Los Angeles, et Plantation Lullabies à la Goodman Gallery de Johannesburg, en 2008. Parmi ses récentes expositions collectives, citons en 2007 El mirall sud-africà au Centre De Cultura Contemporània de Barcelone, Mouth Open, Teeth Showing: Major Works from the True Collection à la Henry Art Gallery de Seattle, Memories of Modernity à Malmö (Suède), Check List: Luanda Pop au pavillon sud-africain de la 52e Biennale de Venise, Heterotopias à la Biennale de Thessalonique (Grèce) et Global Feminisms au Elizabeth A. Sackler Center for Feminist Art de Brooklyn, à New York. Elle participe également à la 11e Biennale de Lyon en 2011 avec A terrible beauty is born. Caryatid & BinneKant Die Wit Does et Imperfect Performance: A tale in Two States font partie de ses performances live les plus récentes, présentées respectivement au Düsseldorf Art Fair (Allemagne) et au Moderna Museet de Stockholm. En 2001, Rose a aussi participé au Plateau de l’humanité lors de la 49e Biennale de Venise dirigée par Harald Szeemann.