By Lucas Grandin
En février 2010, Lucas Grandin a entrepris de construire un Jardin Sonore, une structure en bois de trois étages, à la fois point de vue panoramique sur le fleuve Wouri, jardin botanique et orgue de percussion de gouttes d’eau.
Pendant le SUD2010, l’artiste a engagé les habitants de Bonamouti dans le processus de production (par des réunions préparatoires), réfléchissant à la requalification de la zone – utilisée au préalable comme dépôt sauvage tombant dans le fleuve, et à l’élaboration de la structure du bâtiment.
Le jardin botanique, situé dans le périmètre de la structure en bois, accueille des fleurs, des plantes cosmétiques et thérapeutiques, des épices. Le Jardin Sonore est équipé d’un système d’irrigation durable qui permet d’atteindre une autonomie en eau allant jusqu’à six mois: l’eau de pluie est collectée, stockée dans des barils puis distribuée via des tubes transparents au jardin vertical en utilisant un système hydroponique de goutte à goutte. Ce système permet de ne pas gaspiller d’eau et, en même temps, il ne nécessite pas un arrosage régulier de la part des habitants.
Les gouttes d’eau tombent dans des boîtes de conserve de tailles différentes, formant ainsi des notes musicales et nourrissant les plantes pour les habitants de Bonamouti. Ce jardin suspendu pousse au son de l’eau et invite le public à contempler le fleuve Wouri, vu des trois niveaux de la structure.
Le travail de Lucas Grandin a suscité l’intérêt des habitants du quartier, autour de ce qui est devenu un lieu de socialisation et de contemplation. L’écho des gouttes d’eau change de la cacophonie urbaine habituelle. Tout le monde peut venir se reposer avec la mélodie de l’eau, l’odeur des fleurs, voir le fleuve Wouri et sa mangrove, sentir le vent, la nature… Le Jardin Sonore est un nouveau lieu où parler, planter, entendre, et renouer la communication entre les générations. Il est également devenu un lieu romantique pour les jeunes amoureux, qui se retrouvent dans les étages supérieurs pour contempler la vue sur le fleuve. Cette construction nous fait prendre conscience de l’importance de l’eau dans notre vie. Elle rend à Douala son droit à l’eau : c’est un retour aux origines.