29 avril – 15 juillet 2017
Cette exposition rétrospective (1976-2017) présente l’artiste Kanga Viking, une figure importante de la jeune histoire de l’art contemporain du Cameroun. Elle exhume des documents d’archives, trésors précieusement conservés par ce témoin et messager de son temps. Cette exposition nous invite à découvrir les multifacettes de cet artiste qui interroge l’histoire humaine et politique de son pays et du monde.
L’autre Viking réserve donc une place prépondérante à son lieu l’Atelier Viking, pôle d’ébullition créé en 1976, où se sont élaborées des réflexions enflammées sur une écriture spécifiquement africaine qui cherche à s’émanciper des canons esthétiques de l’art occidental et de la représentation figurative des pionniers des années 40-50. Viking, en tant que grand frère, y a formé six promotions d’artistes contemporains (dont Hervé Yamguen, Justine Gaga, Boris Nzebo … ).
L’autre Viking rend hommage à un militant de la cause de l’art qui s’est effectivement engagé au sein de différents collectifs et mouvements (Cercle Maduta, CAPLIT – Collectif des Artistes Plasticiens du Littoral -, Squat’art …) aux côtés de Koko Komegne et d’autres artistes aujourd’hui disparus, mais surtout, elle donne un regain de visibilité à cet artiste qui a mis entre parenthèses sa carrière de 2001 à 2016 pour vivre de son métier de sérigraphe et peintre publicitaire …
L’autre Viking sort de l’ombre le sculpteur, discipline à laquelle on ne l’associe jamais, contrairement à son statut d’artiste peintre aux couleurs aujourd’hui radicalement vives et gaies, à l’opposé de sa palette des débuts, éteinte et sombre.
S’il aborde des thématiques très politiques dans les années 80-90 (l’avion renifleur, les années de braises, les violences politiques apposés aux jeunes, à certains chefs d’Etat, aux femmes voilées…), il s’applique à égarer le regard dans une multitude de narrations surchargeant la toile, masquant ainsi son propos critique par instinct de survie d’une personne appartenant à la génération de l’autocensure et de la chape de plomb. Par ailleurs, ses aplats de peinture restituent quelquefois la structure du dessin du pagne ou du tissu Ndop de l’Ouest-Cameroun, s’ancrant là dans un terroir dont il n’est pourtant pas issu. L’évolution de son geste artistique introduit peu à peu des visages qui, d’abord très graphiques, deviennent partiellement réels, avant de prendre corps.
Viking nous a fait la surprise de se renouveler, en 2016 et 2017, avec des peintures plus épurées, au point de réaliser, dans une technique assez complexe de photomontage, de collage, et de sérigraphie rehaussée manuellement de couleurs, une série d’autoportraits aux variantes infinies. Il réussit enfin à concilier son langage plastique et esthétique avec la contrainte de la peinture publicitaire, toujours unidirectionnelle et directe. Le geste est plus alerte, y compris dans la sculpture très aérienne. Il est évident qu’une nouvelle identité artistique est en train d’éclore et qu’il y prend du plaisir ! Au cours de l’exposition, l’artiste va animer un atelier de sérigraphie et va converser avec le public.
L’Espace doual’art est principalement ouvert aux travaux d’artistes visuels sélectionnés par la direction artistique de doual’art ou sur proposition de curateurs indépendants.
En moyenne 7 expositions sont produites chaque année. Y sont présentés les travaux les plus récents, les plus expérimentaux de créateurs contemporains du Cameroun et du reste du monde.