21 octobre – 10 décembre 2016
Exposition Visages de masques de 21 octobre au 10 décembre 2016.
L’artiste Hervé Youmbi, connu comme portraitiste, nous invite à sortir du portrait de l’individu pour nous conduire vers le portrait d’une société ancestrale, au sein de laquelle, les Masques ont une fonction essentielle de préservation de l’identité collective.
Visages de Masques est une exposition multimédia très ambitieuse, audacieuse et risquée. Ambitieuse par l’ampleur de la production de pièces. Après deux années de résidence à l’Ouest Cameroun, Youmbi a produit, en partenariat avec des artisans sculpteurs sur bois, perleuses, fondeurs de bronze… les 27 masques de cette exposition. A ceux-ci, il ajoute, 5 photographies, 2 vidéos, 2 installations (1 de 12 caisses en bois et 1 murale), enfin une grande peinture sur toile. Audacieuse par les discussions qu’elle ouvre sur le renouvellement et non la reproduction de l’objet rituel, respectueux de l’esthétique consensuelle ? Audacieuse par son interpellation sur la désappropriation de l’objet communautaire, soit parce que celui-ci est vendu et exporté vers un ailleurs inconnu, soit parce que la confrérie traditionnelle introduit un nouvel objet, intrus, le « Scream Mask » d’Halloween en élastomère, appartenant à une iconographie et une histoire importée ; enfin parce qu’il met en exergue la femme nue (dans un contexte de grande pudibonderie), porteuse d’un masque réservé aux hommes et garante de la nativité du futur porteur de masques. Risquée, du fait de l’enfermement dans une dimension ethnographique de la création contemporaine issue du continent africain.
Visages de Masques nous interpelle sur la « contemporanéisation » des objets traditionnels, sur la place du créateur de formes dans la société ancestrale. L’artiste Hervé Youmbi a été surpris par le « Scream Mask », introduit dans la danse rituelle de la société secrète. Il l’a donc reproduit puis perlé et, de ce fait, l’a « endogénéisé » pour une réappropriation dans la culture du terroir. Allant jusqu’au bout de sa démarche, il a produit d’autres masques à 1, 2 ou 3 visages, coiffés de longs cheveux ou non, en bois bruts ou perlés, avec quelquefois des boutons donnant l’illusion du cauri. Il s’est frotté à l’exercice des étapes de censure et d’approbation pour finalement réussir à les mettre en scène dans la danse de « sortie des masques ».
Ce travail très contemporain est compris par tout un chacun qui reconnait le signe culturel, mais qui, trop souvent, ne voit pas la valeur contemporaine de l’œuvre. Il reste donc aux passeurs que sont les commentateurs et les promoteurs de l’art un gros travail d’aide au décryptage à faire !
L’Espace doual’art est principalement ouvert aux travaux d’artistes visuels sélectionnés par la direction artistique de doual’art ou sur proposition de curateurs indépendants.
En moyenne 7 expositions sont produites chaque année. Y sont présentés les travaux les plus récents, les plus expérimentaux de créateurs contemporains du Cameroun et du reste du monde.