05 décembre – 29 décembre 2008
(…) Sumegne met à contribution pour son oeuvre tout ce qui lui tombe sous la main : morceaux de poupées, brosses à dents usagées, chaussures élimées, bougies de moteur, (…), coques de téléviseurs, etc. Son atelier est une caverne d’Ali Baba du troisième type. Tout ce qui échappe à la décomposition organique et qui est déjà sorti du cycle de l’utilité économique, de la consommation, est bon pour ses réalisations. En termes thermodynamiques, on peut dire qu’il renverse l’entropie. Parlera-t-on d’une esthétique de la néguentropie ?De fait, avec ces \ »sculptures\ », Sumegne se fait quelque part, mine de rien, rédempteur. Par la grâce de son travail, le résidu de l’artefact industriel échappe miraculeusement à un sort écrit d’avance par la logique consumériste et la théorie de l’information. Il le rachète du néant de la décharge et lui ouvre un destin franchement improbable, en l’élevant à une nouvelle dignité, au titre d’ingrédient essentiel d’un projet artistique, soit la plus haute dignité possible à laquelle peut accéder dans notre monde gravement entropique un déchet : le statut symbolique.On aime ou on n’aime pas ces sculptures tout en ligatures compliquées et en enchevêtrements de « vestiges loyaux » de la consommation. On aime ou on n’aime pas ces compositions qui magnifient l’habileté en soi dans l’assemblage et ne prétendent aucunement souscrire à quelque entendement que ce soit du Beau. Là où le sculpteur, classiquement, va de l’extérieur vers l’intérieur, par évidage d’un matériau, l’enfant de Bamendjou, lui, part de l’intérieur vers l’extérieur, en saturant progressivement et localement l’espace avec une forme tridimensionnelle : ce n’est pas exactement banal comme démarche. (…)
Lionel Manga dans L’ivresse du Papillon, pp148-149, ed. Artistafrica/edimontagne, 2008
L’Espace doual’art est principalement ouvert aux travaux d’artistes visuels sélectionnés par la direction artistique de doual’art ou sur proposition de curateurs indépendants.
En moyenne 7 expositions sont produites chaque année. Y sont présentés les travaux les plus récents, les plus expérimentaux de créateurs contemporains du Cameroun et du reste du monde.